L’hyponatrémie associé à l’exercice chez le sportif d’endurance
La natrémie correspond à la concentration du sodium dans le sang. Une hyponatrémie désigne une natrémie trop basse par rapport aux valeurs de référence de la natrémie. L’hyponatrémie survient quand la concentration sanguine en sodium descend en dessous de 135 mmol/L. Un degré sévère d’hyponatrémie associée à l’exercice survient lorsque la natrémie est inférieure à 125 mmol/L. La prévalence de l’hyponatrémie associé à l’exercice lors d’un marathon est de 8,2%, ce qui correspond à presque une personne sur 10.
Les causes de l’hyponatrémie associé à l’exercice physique
Les causes peuvent être diverses mais l’on retrouve plus particulièrement :
Les signes et les symptômes d’une hyponatrémie sportive
Les signes et les symptômes peuvent varier en fonction de la gravité de l’hyponatrémie.
La supplémentation en sodium se doit d’être ajustée car un excès un sodium peut entraîner une méthémoglobinémie et une hypotension.
Le rôle du sodium dans l’hyponatrémie associée à l’exercice
Le sodium fait partie des déterminants osmotique afin de déterminer le volume de liquide extracellulaire et le volume plasmatique (Polychronopoulou, 2019). Le sodium possède comme rôle le transport actif de molécule au travers de la membrane cellulaire ainsi que dans son potentiel électrique (Grider, 2022). Environ 95% du sodium est retrouvé dans l’espace extracellulaire et moins de 10% se situerai dans la cellule. Un déséquilibre de ce ratio entraine une dysnatrémie puisque la concentration sanguine de sodium en sera perturbée avec soit un surplus de sodium sanguin entrainant une hypernatrémie (natrémie > 145 mmol/L) tandis qu’un manque de sodium sanguin entraine une hyponatrémie.
Une hypernatrémie entraine une sortie d’eau de la cellule vers le milieu extracellulaire afin de venir rééquilibrer la natrémie induisant un rétrécissement des cellules.
Une hyponatrémie entraine une entrée d’eau dans la cellule du milieu extracellulaire afin de venir diminuer l’eau dans le sang ce qui engendre une plus grande concentration du sodium et donc un rééquilibre de la natrémie. La cellule engendre un gonflement cellulaire.
Le premier mécanisme organisé par le corps pour gérer une hyponatrémie aiguë qui peut être provoquée chez le marathonien est une vasodilatation qui est une augmentation de la taille des vaisseaux sanguins permettant une réduction de la pression artérielle (Baylis, 1987).
La vasodilatation libère une hormone (le peptide natriurétique auriculaire) qui va réduire la rétention d’eau en niveau des reins engendrant une diminution de l’eau dans la sang et donc une réduction du volume plasmatique avec comme conséquence une concentration de la natrémie qui se rééquilibre (Stanton, 1991). De plus, en parallèle les reins du marathonien en situation d’hyponatrémie vont réabsorber le sodium pour l’utiliser dans le corps, ce qui va provoquer une nouvelle augmentation du volume sanguin (Saravi, 2021) puisqu’en même temps que le corps réabsorbe le sodium, votre cerveau indique à vos reins au travers d’une autre hormone (la vasopressine) qu’elle ne doit pas excréter l’eau de l’organisme pour fabriquer de l’urine (Cuzzo, 2022). La régulation hormonale au travers de la la vasopressine permet de maintenir les taux sériques de sodium chez les athlètes courant le marathon.
Il est possible que les marathoniens avec un déséquilibre électrolytique et une déshydratation puissent subir des troubles gastro-intestinaux par une réduction du volume sanguin et du flux dans la région intestinale en affectant la capacité d’absorption des nutriments du système digestif (Rehrer et al, 1989).
L’hyponatrémie associé à l’exercice physique peut également être la conséquence d’une surhydratation de liquide qui induit une dilution excessive et diminue la concentration sérique de sodium entrainant cette hyponatrémie. De plus, une transpiration diminuée augmente également le risque d’hyponatrémie du sportif. La perte de transpiration peut varier d’un individu à l’autre en fonction de la température, de l’humidité, de l’intensité de l’exercice et du taux de sudation individuel. Ce qui fait que les marathoniens qui prennent du poids durant le marathon ont plus de probabilité de subir une hyponatrémie associé à l’exercice. (Noakes et al, 2005). Les études montrent des disparités entre les hommes et les femmes dans la perte de poids perdus lors de l’épreuve du marathon qui est corrélé à la concentration sérique en sodium ce qui fait que les femmes ont plus de risques de développer une hyponatrémie lié à l’exercice.
Lorsque les apports en liquide remplacent 60-70% des pertes de sueur, les réponses thermorégulatrices sont maintenues (Cheuvront, 2001).
L’étude de Chorley sur 21 coureurs du marathon qui ont présenté une hyponatrémie associé à l’exercice avait pour 87% des sujets une concentration sanguine en sodium plus faible après la course par rapport à avant la course. Une diminution moins élevée du poids engendré par l’épreuve du marathon était dû à une consommation de plus de liquide mais également à un temps pour finaliser les 42 kilomètres plus élevé. Une perte de poids inférieur à 750 grammes augmente le risque de 7% de devenir hyponatrémique. Il est donc conseillé de perdre plus de 750 grammes de poids corporel pendant un marathon pour diminuer les risques d’hyponatrémie (Chorley, 2007). Les sujets avec un poids faible ont plus de chance de subir une hyponatrémie associé à l’exercice.
La consommation de sel sur la dernière semaine n’a pas d’influence sur le volume plasmatique, sur la concentration de sodium dans la sang ni sur le taux de transpiration que le sujet possède un régime alimentaire riche en sel ou pauvre en sel durant la semaine avant l’épreuve. Néanmoins, lorsque les sujets sont exposés à de fortes chaleurs, une consommation de sel chronique peut être favorable en permettant d’augmenter l’eau extracellulaire ce qui diminue la fréquence cardiaque de l’athlète et sa température centrale (Koenders, 2017).
L’ajout de sel ou de sodium en supplément dans la boisson de l’effort va permettre de d’améliorer le chronomètre final de l’épreuve du marathon ainsi que de diminuer la perte de poids et moins faire diminuer la natrémie au cours de l’effort. Il n’y a pas de changement sur la perte de sueur et la concentration en sodium dans la sueur entre la prise de sodium dans la boisson de l’effort et aucune prise de sodium (Del Coso, 2016). Chez les femmes, les auteurs d’une étude scientifique recommandent une consommation de sodium à 680 mg / h chez la femme qui a tendance à boire beaucoup d’eau au cours d’un effort long de 4 heures (Twerenbold, 2003). La prise de sodium au cours de l’effort chez une personne en surcharge hydrique permettra de réduire le risque de subir une hyponatrémie associé à l’exercice.
Les facteurs de risque d’une hyponatrémie associé à l’exercice
Les facteurs de risque liés à la personne :
Les facteurs de risque liés à l’événement :
Conclusion
La probabilité de développer une hyponatrémie associé à l’exercice est d’environ 8,5% chez le sportif avec des facteurs de risque qui vont être supérieurs chez la femme avec un faible IMC et peu d’expérience dans la sport d’endurance. Pour éviter cette hyponatrémie, l’athlète devra impérativement respecter un plan d’hydratation que ce soit avant et pendant la course. Pour cela, une boisson de l’effort avec une consommation de 500 à 800 ml / h contenant 1 à 2 grammes de sel sachant que 1 gramme de sel correspond à 400 mg de sodium doit être visée par l’athlète.
Bibliographie
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